dimanche 18 septembre 2016

Delphine de Vigan : D'APRES UNE HISTOIRE VRAIE, JC Lattès, 2015


Comment ne pas penser à "Misery" de Stephen King ? D'ailleurs Delphine de Vigan reconnaît elle-même cette influence. Mais le propos va plus loin que l'emprise d'une personne sur une autre, il interroge le métier d'écrire. 

La narratrice, double de Delphine de Vigan, se trouve en panne sèche après un grand succès littéraire, au point de ne plus pouvoir ouvrir son ordinateur, et même tenir un simple stylo. C'est dans cet état de faiblesse qu'elle rencontre  L., une femme qui, sous prétexte d'amitié, la séduit au point de s'immiscer dans son intimité et d'en arriver jusqu'à la remplacer. Alors qu'elle prétend l'aider à se remettre à l'écriture, elle ne fait qu'empirer la situation, en contestant à Delphine le droit de fiction. Selon elle, la seule chose qui intéresse les lecteurs, c'est de savoir que l'histoire racontée est "vraie".

"- Mais on s'en fout de cette vérité, on s'en contrefout !
- Non, on ne s'en fout pas. Les gens le savent. Ils le sentent. Moi je le sais, quand je lis un livre.
Pour une fois j'avais envie d'argumenter, de chercher à comprendre.
- Est- ce que tu ne crois pas que tu le sens, comme tu dis, simplement parce que tu le sais ? Parce qu'on a pris soin de te faire savoir d'une manière ou d'une autre qu'il s'agissait d'une histoire vraie, ou "inspirée de faits réels" ou "très autobiographique", et que cette simple étiquette suffit à susciter de ta part une attention différente, une forme de curiosité que nous avons tous, moi la première, pour le fait divers ? Mais tu sais, je ne suis pas sûre que le réel suffise. Le réel, si tant est qu'il existe, qu'il soit possible de le restituer, le réel, comme tu dis, a besoin d'être incarné, d'être transformé, d'être interprété. Sans regard, sans point de vue, au mieux, c'est chiant à mourir, au pire, c'est totalement anxiogène. Et ce travail-là, quel que soit le matériau de départ, est toujours une forme de fiction."


J'ai eu un peu de mal à m'intéresser à la première partie de ce roman, celle consacrée à la séduction, mais je dois dire que plus j'ai avancé dans la découverte de cette auteure et de son propos, plus j'ai été prise par le sujet de l'emprise psychologique, mais également par celui, en toile de fond, de la création littéraire. 
Je ne dévoilerai pas la fin pour ne pas gâcher votre plaisir. Delphine de Vigan m'a finalement impressionnée par la maîtrise des différents niveaux de compréhension de son roman. 

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